Tester le matériel sur une vingtaine de plongée permet de se faire une idée relativement précise des performances, du confort ou de l’esthétique… mais pas de sa longévité. En plus de deux ans d’essai produits publiés dans Subaqua, et après avoir réutilisé les produits plusieurs mois après, il n’est pas rare d’avoir constaté un certain vieillissement… que ne laissait pas augurer l’essai proprement dit. C’est pourquoi j’ai décidé, outre les essais classiques, de vous proposer des tests « longue durée » réalisé sur au minimum une centaine de plongée.
La procédure de ce type de test pour les détendeurs est simple. Avant la première utilisation, le détendeur est passé au banc d’essai avec mesure de ses performances. A la fin du test, retour sur la machine pour un test identique au début, puis vient le moment de la torture avec un démontage en règle et auscultation détaillée pour traquer le moindre vieillissement anormal.
Le premier test de ce nouveau type que je vous propose aujourd’hui concerne des détendeurs clubs. Afin d’essayer d’avoir une bonne représentativité du marché, tout en restant dans des prix raisonnables, nous avons sélectionné 4 modèles de détendeurs et utilisé 3 exemplaires de chaque.
Le MK 2 / R 190 de chez Scubapro, le Calypso d’Aqualung, le VS 3 de Beuchat et le XS 2 de Cressi. Les douze détendeurs (3 exemplaires de chaque) ont effectués environ 250 plongées depuis le mois de juillet 2004. Toutes ces plongées on eu lieu dans le cadre d’un centre avec le lot de baptême habituel et d’angoissés martyrisant les embout.
Autant le dire tout de suite, le principal sujet d’étonnement et l’impression de fraîcheur générale, montrant bien l’évolution du matériel au cours des ans. Aucun détendeur ne montrant, à priori, de signe évidents de faiblesse, tous ayant subit ces 250 plongées sans dommages majeurs. Les uniques problèmes relevé ont été un desserrement de la vis de retenue d’étrier dur les trois MK 2 (visiblement un mauvais couple de serrage au montage), la fragilité du volet de venturi des Calypso (volet modifiés sur les modèles actuels) et les embouts buccaux qui on rendu l’âme sur tous les détendeurs sauf un Calypso.
Compte rendu d’avant test avec passage au banc (pression de service 150 bars, profondeur 25 mètres, 20 cycles respiratoires par minutes) :
Le but de ce passage au banc, outre la mesure des performances, était principalement de voir les variations sur trois exemplaires d’un même modèle. Si le travail expiratoire doit logiquement être très voisin, car lié à la forme du boiter, de son moulage, le travail inspiratoire peut être grandement influencé par le montage et le réglage. C’est d’ailleurs sur ce point que la différence est la plus importante avec 32% de variation entre les trois MK2/R190 du test…
Aqualung Calypso :
Excellent travail respiratoire total de 0,61 à 0,66 J/L, de loin les meilleures du test, avec une variation de 8% entre les deux extrêmes.
le travail inspiratoire 0,26 à 0,28 J/L extrêmement semblables sur les trois modèles, ainsi que le travail expiratoire 0,35 à 0,39 reflétant bien la qualité de fabrication.
Beuchat VS 3 :
un écart un peu plus important chez Beuchat avec une variation d’environ 10 % sur le travail total, de 1,23 à 1,35 J/L plus importante si l’on sépare inspiration avec 0,38 à 0,46 (soit 21%) et expiration avec 0,81 à 0,86
Cressi XS2 :
un travail total de 1 à 1,02 soit seulement 2% de variation, chapeau à Cressi que je n’attendais pas sur ce point, même si les performances sont un peu moins bonnes que celles du Calypso. Les similitudes du travail inspiratoire (0,35 à 0,38) ainsi que de celui expiratoire (0,64 à 0,69) confirmant la qualité de la fabrication.
Scubapro MK2/R190 :
17% de variation en travail total avec 0,93 à 1,09 J/L… je n’attendais pas non plus Scubapro sur ce point, les plus grandes variations étant au niveau du travail inspiratoire (0,53 à 0,70 J/L) avec plus de 30 % de variation… le travail expiratoire (0,40 à 0,39 J/L) étant très voisin.
Les mêmes au bout de 250 plongées…
Le passage au banc de test est assez surprenant
Aqualung Calypso :
Le travail total de 0,69 à 0,73 s’est légèrement dégradé, principalement au niveau de l’inspiration 0,33 à 0,36, la soupape d’expiration s’étant visiblement assouplie avec de 0,38 à 0,35.
Beuchat VS 3 :
Visiblement un rodage bénéfique avec un travail total de 1,13 J/L gommant les dispersions, inspiration de 0,32 à 0,36 et expiration de 0,76 à 0,81.
Cressi XS2 :
Rodage bénéfique également avec un travail total de 0,83 à 0,97 soit jusqu’à près de 20 % de gain en travail total… au bénéfice principalement de l’inspiration (0,21 à 0,33) même si l’expiration s’est également légèrement améliorée (0.62 à 0,66)
Scubapro MK 2/R190
Très peu de variation du travail global (0,93 à 1,11) mais un mieux à l’inspiration (0,42 à 0,66)… et une dégradation à l’expiration (0,45 à 0,51).
Conclusion de ce passage au banc, les Cressi et Beuchat on visiblement besoin de rodage, le travail inspiratoire s’améliore sur tous… sauf les Aqualung (qui restent toutefois les meilleurs), le travail expiratoire s’améliorant sur tous… sauf sur les Scubapro, qui ne doivent pas utiliser les mêmes matériaux que leurs concurrents.
Le démontage :
Dernier contrôle avant démontage, la mesure du débit du premier étage avec un résultat surprenant, quasiment aucune différence avant et après 250 plongée… sauf un Cressi qui a gagné 10 % de débit après 250 plongée, les autres différences étant négligeables.
Les aspects qui ont retenu notre attention afin de constater le vieillissement du détendeur sont, outre l’aspect extérieur :
Le chapeau du premier étage dans lequel coulisse le piston afin de traquer éventuellement une usure irrégulière, l’état de la garniture de clapet HP et BP ainsi que la régularité de leur usure.
Aqualung Calypso :
Extérieurement, aucun souci particulier, si ce n’est la commande du levier de réglage du venturi abîmée sur les trois exemplaires. Le capot souple protège bien le boîtier et ne se marque pas, seules les inscription ont légèrement tendance à s’effacer, mais il ne s’agit là que d’esthétique. Aucune trace de marquage ni d’usure sur le chapeau du premier étage. Les clapets sont marqué de manière régulière et parfaitement centrée.
Beuchat VS3 :
Pas de vieillissement esthétique notable, l’aspect de surface ne semble pas avoir été altéré par l’usage. Aucune trace de marquage ni d’usure sur le chapeau du premier étage. Le marquage du clapet HP est légèrement décentré, contrairement au clapet BP, avec un marquage centré et régulier.
Cressi XS 2 :
Légère rayures du boîtier (uniquement esthétique) contrairement au couvercle du deuxième étage ayant l’apparence du neuf. Le chapeau du premier étage présente un léger marquage, irrégulier sur la circonférence. Le marquage du clapet HP est parfaitement centré, contrairement au BP, légèrement décentré.
Scubapro MK2/R190 :
Des rayures apparaissent sur le boitier et couvercle BP, mais le Sticker Scuba pro parrait neuf. Quelques traces de marquage sur le chapeau HP et marquage décentré des clapets HP et BP.
En conclusion, l’état général de ces détendeurs est excellent après 250 plongées, avec une mention particulière pour le Calypso et le VS 3 qui ne paraissent absolument pas avoir été marqués parle temps. Autre point positif, aucun des détendeurs n’a connu de panne et ont parfaitement assumé leur fonction.