L’ordinateur Voyager de Beuchat. Patrice Vogel
Beuchat a aujourd’hui une longue expérience dans la commercialisation des ordinateurs de plongée et, même si les génération Maestro et CX n’ont pas tenues toutes leurs promesses, il ne faut pas oublier que Beuchat a été le premier à commercialiser l’ordinateur Aladin PRO qui est peu à peu devenu une référence.
Après l’importation des ordinateurs Cochran (série Maestro), puis une tentative de production 100% Française, avec tous les aléas que cela comporte, Beuchat s’est rangé à une solution plus raisonnable : sous traiter un ordinateur tout en en réalisant le cahier des charges.. Les véritables fabricants actuels ne sont pas légion. Suunto et Uwatec ne fabriquent plus que pour leur marque respectives, Beuchat ayant le souvenir d’une aventure avec Cochran peu glorieuse (la série Maestro…), la solution Océanic (ou plutôt Pelagics) a été retenue.
La similitude d’aspect avec Oceanic est frappante… au niveau de l’emballage, aux couleurs près. Pour le boîtier, la solution compacte type VEO a été écartée, pour un modèle plus grand, permettant un cadran plus clair, issu de la gamme Versa.
Au niveau esthétique et clarté de l’écran, le Voyager semble incontestablement plus clair que les VEO Océanic, plus compacts mais, Beuchat ayant déjà fabriqué un détendeur beaucoup plus beau que les siens pour un fabricant Italien, ce n’était qu’un juste retour des choses qu’Océanic fasse plus beau pour Beuchat que pour sa production… je dois vous avouer q’au niveau instrumentation, la mode « compact » ne me semble pas adapté à une bonne lecture (l’âge peut être…)
Le Voyager est donc tout à fait dans l’air du temps, avec une taille voisine de celle de la concurrence, Vyper ou Archimède, très légèrement plus volumineuse que l’Aladin Prime, une pile aisément remplaçable par l’utilisateur et une possibilité d’interface PC en option.. Le boîtier du Voyager, sur lequel est fixé la bracelet est entouré d’un protecteur recouvrant même les boutons poussoir… et qui fait d’autant plus regrettant l’absence de tout protecteur d’écran.
Plutôt que vous décrire en détail toutes les caractéristiques technique du Voyager (je laisse ce coté à mon compère) je préfère vous présenter la prise ne main et la facilité d’utilisation ainsi que la lisibilité. Au niveau des fonctions, il faut bien dire que les ordinateurs actuels ont de plus en plus de possibilités de personnalisation et de réglages en tout sens mais, il ne faut pas oublier qu’avant tout, ils doivent vous aider en plongée au niveau des indications objectives et du processus de saturation et désaturation. Bien sur le voyager accepte la plongée nitrox, a un éclairage de l’écran, donne l’heure et la température, est équipé d’une alarme sonore (déconnectable) etc.. mais ce qui frappe avant tout, c’est la clarté de l’écran et on retrouve avec plaisir les indication visuelle de vitesse de remonté et de saturation chers à Oceanic…
La personnalisation et le réglage du Voyager est extrêmement facile, la navigation dans les menus se faisant au moyen de deux boutons poussoirs facilement accessibles. Pour garder un écran le plus clair possible, et avec de gros chiffres, le tout sans lecture alternative pouvant perturber le plongeur, le Voyager est équipé « d’écrans à la demande » indiquant les informations secondaires et accessibles à volonté en appuyant sur un des boutons. Seules les données centrales changent. En cas de plongée avec décompression (relativement rares avec le voyager… j’y reviendrais) il faut actionner le deuxième écran pour avoir accès à la profondeur maxi et au temps total de remonté, au troisième écran pour avoir l’heure et la température de l’eau. Tout cela paraissant relativement compliqué en théorie, mais parfaitement simple dans l’eau.
On peut regretter le choix des informations disponibles car, si la profondeur maximum atteinte n’est pas effectivement une donnée primordiale, j’aurais préféré, sur le premier écran, l’indication du temps nécessaire à la remonté, désaturation comprise, au lieu du temps de plongée. Contrairement à certains de ses concurrents, le Voyager permet une lecture instinctive grâce à ses « bar graphes » indiquant clairement la saturation et la vitesse de remonté. Nul besoin ici de s’arrêter pour essayer de lire et de déchiffrer son ordinateur.
Au niveau de l’algorithme de décompression utilisé, c’est un sujet relativement délicat, car chaque fabricant défend bec et ongle ses calculs, en ironisant sur ceux des voisins. Il convient toutefois de dire qu’en matière de calcul de la saturation, il y a actuellement deux écoles principales (pour résumer le plus possible) : un résultat très voisin chez Uwatec, Suunto (Cressi, ou plutôt Seïko étant également très proche) qui représentent la majeure partie des ordinateurs actuellement en circulation… et de l’autre coté Oceanic/Beuchat dont les indication sont assez éloignées des autres. Le cas se pose pour la première plongée, où le Voyager, donnera des indications qui surprendront vos camarades de palanquée et vous vaudront leurs sarcasmes, les temps de paliers étant souvent la moitié des autres, si ce n’est totalement inexistant… et sur une plongée successive ou tout est inversé, le Voyager donnant généralement beaucoup plus de paliers que les autres. Les algorythmes de décompressions n’étant visiblement pas une science exacte, loin de là, je ne me hasarderais pas à prendre parti pour l’un ou l’autre, chacun étant, de plus, libre de choisir en fonction de ses convictions.
N’hésitez pas à vous renseigner, si ce sujet vous intéresse, sur les différents algorithmes des ordinateurs disponibles sur le marché… si vous arrivez à comprendre les arguments des un et des autres. Mais pourquoi faudrait-il que les meilleurs ordinateurs soient ceux qui donnent le plus de paliers ? Le DC 11, par exemple, qui en son temps avait été cloué au pilori car beaucoup trop « conservateur » (l’ancien Aladin Pro régnait en maître..), serait tout à fait dans « les normes » aujourd’hui…Je ne souhaite pas au Voyager de subir le même châtiment en 2005 pour cause inverse, il ne le mérite visiblement pas, mais il serait peut être de bon ton pour Beuchat de communiquer plus sur ce sujet.
Il reste que tant au niveau fonctionnement que prise en main, le Voyager est un produit très « facile » ne posant aucun problèmes d’adaptation ni de lecture et, qu’avec le recul, la fiabilité soit au rendez-vous, faisant totalement oublier, sur ce point, les précédents produits de la marque.
Le conseil pour acheter un ordinateur de plongée
Beaucoup de modèles sont disponibles sur le marché, vous permettant ainsi de trouver sans problème le modèle vous correspondant. Il me semble important de privilégier la facilité de lecture et d’utilisation, ainsi que la facilité du changement de pile. Sur ce point, attention également à l’autonomie. Si vous faites 20 plongées par an, pas de problème, mais, en cas de plongée intensive, l’autonomie a quasiment autant d’importance que la facilité de remplacement. Un ordinateur doit avant tout être considéré comme une aide à la plongée et aux calculs de désaturation. Il ne doit en aucun cas faire figure de table de loi, vous ne devez donc pas hésiter à rallonger, éventuellement, les paliers annoncés en cas de plongée particulière (eau froide, effort violent, fatigue, etc). Il est également important d’être conscient que, comme l’utilisation de la calculette a tendance à rendre incapable de tout calcul mental, celle d’un ordinateur a tendance à faire perdre toute notion de temps et de profondeur, principalement de part sa lecture digitale. Tout comme dans une voiture ou l’utilisation d’un compteur de vitesse à aiguille permet une bien meilleure notion de la vitesse qu’avec une indication digitale. Je ne saurais trop vous conseiller, au cours de votre plongée, de faire le test et d’essayer d’estimer votre profondeur de plongée et temps sans regarder votre ordinateur… vous risquez d’avoir quelques surprises.
Le point de vue du technicien par Jean André Venturini
Beuchat a eu la bonne idée de corriger sur le Voyager certain petits défauts de son grand frère américain, un boîtier plus grand, un bracelet des plus sérieux et un écran plus lisible. La pile est isolée dans un compartiment étanche facile à ouvrir et à refermer, on peu donc, en théorie, remplacer la pile soi-même, je vous conseille fortement de confier cette opération a un bon revendeur dont l’atelier est équipé, comme doit l’être celui de tout revendeur sérieux, d’un caisson hyperbare de test. A coté de la pile on remarque la prise de connexion pour l'interface informatique et le logement du capteur de pression qui fonctionne de 0 à 99.9 m en mode calculateur et jusqu’à 120 mètres en mode profondimètre avec une précision de + ou - 1% de l'échelle.
L'algorithme reste sur une classique base Haldanne modifié par les célèbres Rogers et Powell de la Diving Sciences and Technology, qui travaille avec douze compartiments ou groupes de tissus dont les demi périodes sont de 5, 10, 20, 40, 80, 120, 160, 200, 240, 320, 400 et 480 minutes avec élimination totale 24 heures après la dernière plongée. Je regrette que Beuchat n’ait pas conservé l’excellent algorithme Comex du CX 2000 qui aurait donné un Voyager un peu plus européen.
La liste des caractéristiques est pour le moins impressionnante, les réglages sont multiples et une lecture approfondie de la notice s’avère nécessaire pour arriver à paramétrer correctement le Voyager. A ce niveau l’aide de votre distributeur spécialiste sera précieuse, je vous rappelle qu’un ordinateur de plongée ne s'achète pas sous blister dans une grande surface.
Je vous donne pêle-mêle quelques une de ces caractéristiques : une capacité mémoire de 24 plongées, la gestion des Nitrox de 21 à 50%, plongées en altitude sur sept niveaux jusqu'à 4267 mètres (ça intéressera certainement quelqu’un), deux vitesses de remonté 6 à 18 mètres/min. max. du fond à 18 mètres et 3 à 9 mètres/min. max. de 18 mètres à la surface, calcul des paliers de décompression jusqu'à 18 mètres, etc., etc. ...
A noter que les alarmes, programmables elles aussi, sont particulièrement insistantes, 10 sec. d’un bip continu suivi de 5 sec. de bips soutenus qu’on peut toutefois interrompre par un accusé réception manuel. Pour finir vous trouverez à la fin de la notice un glossaire qui a le mérite de rappeler le vocabulaire spécifique des ordinateur de plongée et une charte « pour une plongée responsable a l’ordinateur » qui vous rappelle qu’un ordinateur de plongée n’est qu’un « calculateur d’aide à la plongée ».